Arnaud MONTEBOURG s’exprime sur le 5eme risque, à l’occasion d’un petit-déjeuner/débat à l’Institut Silverlife
Il y a une découverte en France, de ce qu’est le Grand Age, avec le fait que l’on peut être actif jusqu’à 75 ans et que les premières difficultés apparaissent en général à ce moment-là.
Les parlementaires ont un point commun avec les représentants de commerce : ils vont chez les gens ! Or, dans la circonscription dont je suis l’élu et qui est une miniature de la France, il existe une réelle inquiétude des générations à partir de 45-50 ans. Il peut ainsi coexister 3 générations du très grand âge (avec des personnes âgées de 100 ans, 80 ans et 60 ans) et une dernière génération de 40 ans au chômage
Le diagnostic est une angoisse qui s’installe et qui touche toute la société, sauf la génération 20-30 ans.
Les solutions qui ont été adoptées en matière de prise en charge des personnes âgées ne constituent pas un progrès et c’est un dossier à 5 milliards qui va arriver au Conseil Constitutionnel (qui a été saisi par plusieurs départements) dans un mois. En effet, l’évolution du système a fait trop de dégâts pour que les parties prenantes parviennent à un accord. Nous sommes en procès avec l’Etat pour l’APA.
Nous avons fait de nos réalisations en Saône-et-Loire une sorte de laboratoire. En 2001, lorsque l’APA a été créée, nous étions à 0 titulaire avec une PSD de d’environ 2000. En 2004, nous étions à 8000, l’Etat finançant 50% et le Conseil régional 50%. Aujourd’hui, nous sommes à 18 000 avec seulement 28% financé par l’Etat.
Nous avons durcit les conditions d’accès à l’APA, mais le dispositif a explosé sur le plan financier. De plus, les promesses du Président depuis 2007 n’ont pas été tenues. Nous avons eu 5 ministres en 4 ans et aucun n’a pris de décision : ce sont les départements qui ont dû le faire.
On assiste à une baisse des niveaux de compensation, avec des recettes figées pendant que les dépenses explosent et donc on se retrouve en situation de faillite.
Standard and Poors (S&P) a produit plusieurs rapports sur l’état des finances des départements et le transfert de charges sur 3 ans est de 162 millions.
La première des réponses que nous avons apportées a été de réduire de 10% nos dépenses. Mais cela ne suffisait pas car il manquait 15 millions. Nous avons alors augmenté les impôts en annonçant que la totalité du produit serait affectée aux personnes âgées. On a vu également apparaître les premiers signes d’effondrement du système d’aide à domicile les familles n’accédant plus au système que l’on prétend défendre. Nous avons aussi augmenté le financement de 0,5% pour les EHPAD.
Afin de garantir à la population que la hausse d’impôt serait affectée à la prise en charge des personnes âgées, nous avons constitué un jury de 36 membres par tirage au sort effectué par un huissier. Nous avons associé les citoyens à l’évolution du respect de nos engagements ; lors des élections, cela c’est traduit par le gain de 2 cantons. Les hausses d’impôts sont impopulaires, sauf si l’on explique, affecte et contrôle.
Tout ceci nous a permis d’améliorer le taux d’encadrement dans les EHPAD et de mettre en place une revalorisation pour les tout petits revenus. Alors que les élus sont très timorés, les citoyens sont d’une maturité et d’une responsabilité tout à fait étonnantes.
Questions/Réponses:
Quelles mesures prendriez-vous, si vous étiez aux affaires ?
Mon analyse est que la solidarité est désirée si elle est transparente, contrôlée et au plus près du terrain. Le fait que le lundi de Pentecôte serve à financer l’Assurance Maladie est inadmissible pour les citoyens.
Je pense que le reste à charge doit être sous condition de ressources et qu’il faut prendre en compte le patrimoine des familles, et pas uniquement des personnes âgées.
De plus, le marché concurrentiel des EHPAD est un scandale et constitue un sujet politique explosif.
Les besoins d’investissement dans l’emploi et les équipements sont considérables et on ne peut confier cela au secteur privé.
Il existe un périmètre à construire avec la société en tenant compte du niveau de revenus des familles. Le projet que nous défendons stimule la solidarité intergénérationnelle, car actuellement, il y a une masse âgée de 30 à 50 ans qui paie tout (pas de travail avant 30 ans et licencié à 50 ans).
En ce qui concerne la place du public et du privé, je ne suis pas partisan du recours aux assurances privées et préfère l’esprit mutualiste, c’est-à-dire pour la coopération de millions de Français qui décident de s’associer.
Un reste à charge doit-il exister ? Que pensez-vous de l’extension à toute la population de la journée de Pentecôte ?
La question de la transmission du patrimoine ne peut pas être une vache sacrée, figée et rentière. En ce qui concerne la journée de Pentecôte, je considère qu’il s’agit d’une boîte noire et me prononce pour l’augmentation d’1 point de CSG, car c’est ce qu’il y a de plus juste.